Chronique Janvier 2015
Le livre du Cantique des cantiques inaugure la nouvelle année pour l’institut Pey Berland et le séminaire de Bordeaux avec notamment une conférence donnée par Anne-Marie Pelletier sur son enracinement dans la tradition juive et sa postérité exégétique et spirituelle dans la tradition chrétienne.
Bien qu'inclus dans la Septante, le Cantique des Cantiques n'est retenu dans le canon juif qu'au premier siècle de l’ère chrétienne. La Mishna évoque de vives discussions au sujet de son intégration dans ce canon. Il a pu y trouver sa place à la suite de l'interprétation allégorique de Rabbi Akiva, qui voit dans le Cantique des cantiques une déclaration symbolique de l'amour entre Dieu (YHWH) et son peuple, Israël. Il est récité lors de Pessah, la Pâque juive. La tradition juive le classe parmi les cinq meguilloth, qui sont des rouleaux attachés à des fêtes liturgiques. Le nom de Dieu n'y apparaît pas, si ce n'est sous une forme abrégée, Flamme de Yah (Ct 8.6), Yah étant un diminutif de YHWH.
Il est inclus des Ketouvim (autres écrits) dans le Tanakh — la Bible hébraïque — et des Livres poétiques dans l'Ancien Testament — la première partie de la Bible chrétienne.
On considère qu'il fait partie de la littérature sapientiale (de sagesse), c'est pourquoi on a voulu le relier au roi Salomon. Cependant, malgré la présence de certains archaïsmes dans le texte, la langue et le style sont assez tardifs et font penser à l'époque perse ou même hellénistique (IIIe s. av. J.C.). Comme pour tout livre vétéro-testamentaire, la rédaction du Cantique des Cantiques a probablement une très longue histoire.
Les bibliographies honorées par la vitrine actuelle de la Bibliothèque et la table de présentation des commentaires lors des deux jours du colloque au centre Nazareth prouvent la richesse de la littérature sur le sujet spécialement par les Pères de l’Eglise et auteurs du Moyen-âge. A l’époque moderne, on trouve de nombreuses interprétations spirituelles par des saints reconnus. Aujourd’hui, cette abondance est reconduite à travers des exégèses littérales et traductions originales du texte.
L’art n’est pas absent de cette profusion interprétative notamment avec des noms comme Benn et plus connus encore Chagall ou Matisse.
Reste l’appropriation par chacun d’entre nous pour que sa poésie pénètre jusqu’au cœur !
J.L.
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