Chronique Juin 2015

La poésie: un chemin d’intériorité pour l’homme

Dans une bibliothèque spécialisée en sciences religieuses, le rayon "poésie" existe. Pourtant, qui pense à lui pour mettre en valeur l’aspect spirituel du fonds ?
Même s'il existe quelques emplacements dédiés à cet aspect méconnu d’une littérature de tous temps et de toutes cultures, chaque matière atteste une présence poétique au sein de chaque discipline propre.
La poésie est le langage silencieux qui efface ses propres traces, pour qu’on entende ce que les mots ne disent pas.
Par exemple l’Exégèse requiert rigueur scientifique et travail archéologique mais aussi maîtrise de l’art de la narration. La Bible elle-même contient nombre de livres poétiques, de la Genèse à l’Apocalypse en passant par le Cantique des cantiques, les Psaumes et toute la poésie contenue dans le Nouveau Testament, sans parler des poètes et artistes qui se sont intéressés avec bonheur à retranscrire dans leur art le message biblique comme Chagall pour qui "La Bible est la plus grande source de poésie de tous les temps". (Des couleurs pour la Bible, Artlys, 2015)
La théologie n’est pas en reste. De nombreux théologiens parmi les plus grands ont commenté et décrypté le contenu poétique : Balthasar commentant Claudel, Lubac faisant la part belle à la poésie des Pères, Benoît XVI en faisant l’objet de nombreuses audiences générales. Certains ont composé eux-mêmes : Thomas d’Aquin pour la fête-Dieu célébrée ce mois-ci, Jean-Paul II en tête des papes-poètes bien sûr et avec lui nombre de théologiens dont des moines-poètes comme le Frère Cassingena-Trévedy qui a même écrit une Poétique de la Théologie.
À contrario, pour Boccace, acteur profane : "La théologie n’est pas autre chose que la poésie de Dieu" tandis que, Jean Mambrino citant Shakespeare : "Et nous éclairons le mystère des choses comme si nous étions les espions de Dieu " dans Le mot de passe.
Pour tous, "la poésie est le langage silencieux qui efface ses propres traces, pour qu’on entende ce que les mots ne disent pas" Gérard Pfister, La poésie c’est autre chose, Arfuyen, 2008.

J.L.

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