2016 : Chronique d'un été !


« Au sein du réalisme fleurit un animisme » peut-on lire dans Le cinéma ou l’homme imaginaire, ouvrage que publie Edgar Morin en 1956. Le cinéma y révèle son penchant au paradoxe : dans le même temps où il « fait percevoir » (au sens pratique du terme), il « donne à voir » (dans le sens visionnaire). Ainsi le cinéma introduit-il le spectateur dans une expérience qui frotte une matérialité extérieure à la matière irréelle du film, proche du rêve. Véritable mouvement dialectique de la matière sur et contre elle-même.
Edgar Morin cherche obstinément cette réalité semi-imaginaire de l’homme que touche le cinéma. Au cours des années 50 et 60 le sociologue Morin est un de ceux qui imposent le film, et plus largement, le média, comme instrument méthodologique et objet d’étude légitimes dans les sciences sociales. Il investit tout autant le champ académique que médiatique intervenant à la radio, dans la presse comme à la télévision ou dans les festivals. Cinéphile engagé, théoricien du film - pour lui « la caméra peut et doit être subjective, non l’objet » (l’objet reste, à la différence du rêve, arbitre et garant de la réalité) – Edgar Morin mène, pendant l’été 1960, en compagnie de Jean Rouch, une expérience singulière sous l’œil de la caméra « Comment vis-tu ? », est un film protocole, supposé croiser vie quotidienne des protagonistes et zones d’ombre individuelles et collectives.
L’expérimentation échappe à ses réalisateurs et devient Chronique d’un été, promu film-vérité, rédempteur d’une génération, et aujourd’hui film culte.
Voir Edgar Morin et l’âme du cinéma, Colloque organisé par le IIAC-Centre Edgar Morin /CNRS- EHESS du vendredi 11 Janvier au samedi 12 Janvier 2013 sur le site http://www.edgar-morin-cinema.fr/
Nous avons la grande joie de travailler en collaboration avec un passionné et critique avisé de cinéma en la personne du Père Pascal Ide qui vous livre sur son site quelques trésors d’interprétation : http://pascalide.fr/cinema/
Sa recherche est résolument philosophique car tout film (les bons !) parle de l’homme et de sa quête de sens.
Pas de tournage à notre connaissance mais deux livres plus spécialement tournés vers une filmographie « éclectique » et « engagée » : La rencontre au cinéma et le collectif Regards sur la passion du Christ.
C’est la même réalité que tente d’approcher l’équipe de la Bibliothèque diocésaine de Bordeaux à travers les livres, et parmi eux, des ouvrages sur le 7 ème art, notamment une collection peu connue « 7ème art » qui comporte des dizaines de titres en rapport avec les grands thèmes et les grandes figures de cinéma… et bien d’autres.
Rendez-vous dans les salles obscures (éclairées et fraîches en cette saison) et bien sûr un livre à la main sur la plage ou ailleurs en attendant la réouverture de la Bibliothèque à la rentrée !
J.L.
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