Chronique Juin 2016

Vin et religion : à consommer avec modération !

Dans la Bible, le vin et la vigne sont cités 443 fois. Ces références vont, dans l'Ancien Testament, de la grappe gigantesque rapportée du pays de Canaan à la considération du bien-aimé du Cantique des cantiques. Dans le Nouveau Testament, on trouve une première mention de la transformation de l'eau en vin lors des Noces de Cana puis lors de la bénédiction du pain et du vin par le Christ au cours de la Cène.
Dans le 1er chant du Cantique des Cantiques, le ton est donné :
"Mon bien-aimé est pour moi un sac de myrrhe, repose sur ma poitrine.
Mon bien-aimé est pour moi une grappe de Chypre dans les vignes d'Engaddi".
Toutes proportions gardées, le vin est à Bordeaux ce que Babel est à la Bible : un monument !
Peu après le Déluge, alors qu'ils parlent tous la même langue, les hommes atteignent une plaine dans le pays de Shinar et s'y installent tous. Là, ils entreprennent par eux-mêmes de bâtir une ville et une tour dont le sommet touche le ciel, pour se faire un nom. Alors Dieu brouille leur langue afin qu'ils ne se comprennent plus, et les disperse sur toute la surface de la terre. La construction cesse. La ville est alors nommée Babel (terme proche du mot hébreu traduit par "brouillés").
La tour nous dit à la fois tout le génie et la démesure de l’homme qui cherche à égaler Dieu plus qu’à le rejoindre.
Le vin dans la Bible est souvent synonyme de débauche : Si, dès la Genèse (XLI, 11), le vin est salué comme "le sang de la vigne", il n'en reste pas moins un breuvage redoutable. Le Livre des Proverbes est là pour rappeler : "Le vin bu modérément est la joie du cœur et de l'âme", "Le vin bu jusqu'à l'ivresse découvre le cœur des superbes", "Le vin bu avec sobriété est une seconde vie", "Le vin bu avec excès est l'amertume de l'âme". Car personne ne peut oublier que Loth, ivre, commit l'inceste avec ses filles et que l'ivresse de Noé lui fit découvrir sa nudité devant ses fils.
Parfois aussi de réjouissances, d’alliance et de noces.
Pour les chrétiens, il faudra le venue du Christ pour pardonner la soûlerie du premier patriarche de l'humanité. Jésus le Christ se présente en disant à ses disciples : "Je suis la vraie vigne et mon Père est le vigneron" et il poursuivit "Je suis la vigne et vous êtes les sarments" (Jean, XV, 1-5). C'est dans la dernière Cène le jeudi saint, où Jésus de Nazareth bénit le pain et le vin, que la symbolique du vin atteint, dans les Évangiles son paroxysme, pour devenir le sang du Christ à la Passion et depuis la première Pâque à chaque eucharistie. La messe et la communion, pour tous les chrétiens, sont le rappel de sa Mort et Résurrection.
Le vin jouait déjà un grand rôle dans la halakha, les lois et les traditions juives. Le Kiddouch est une bénédiction récitée sur le vin à sanctifier pour le Shabbat ou au cours d'une fête juive comme la Pâque. Durant le séder, c'est une obligation pour les hommes et les femmes de boire quatre coupes de vin. Dans le Tabernacle et dans le Temple de Jérusalem, la libation de vin participait à la fonction sacrificielle. Les vins qui étaient alors utilisés, sont cités dans l'Ancien Testament. Il s'agissait de ceux du Liban (Livre d'Osée) et des vins de Chelbom et de Dam, qui étaient vendus aux foires de Tyr.
À partir de cette parole : "le Seigneur les dispersa sur la face de toute la terre", le récit de la tour de Babel et celui des origines s'ouvre à l'avenir au sens où la question de la relation entre les hommes et Dieu est posée. (Von Rad, Théologie de l'Ancien Testament, vol. I, Genève, Labor et Fides, p. 146).
Que sa cité du vin puisse rappeler à Bordeaux son attachement à la vigne et nous parler d'universalité, de multiplicité des langues, d'ivresse, de vin doux, de projet humain et divin aussi.

J.L

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