Deuxième chronique de 2017
L'Église catholique en Gironde vit depuis le 13 décembre 2015 une démarche synodale... Ce Synode diocésain a pour thème "Former des disciples-missionnaires". Laissons la parole au Cardinal Jean-Pierre Ricard :
« Comme vous l’avez appris, j’ai décidé de convoquer un synode pour notre Église diocésaine. Ce synode, j’en avais déjà évoqué la possibilité, en 2009, dans ma lettre pastorale présentant notre parcours missionnaire diocésain. J’écrivais : « Il faudra également une ressaisie au niveau du diocèse. Un synode diocésain pourra être alors convoqué pour préciser, à partir de tout le travail préalable qui aura été mené, les grandes orientations diocésaines pour les 10 ans qui viennent. Il sera aussi l’occasion de rendre grâce pour l’action du Saint Esprit et d’exprimer au Seigneur notre disponibilité pour la mission qu’il ne cesse de nous confier ».
I – LES RAISONS D’UNE DÉCISION
Ma décision de convoquer un synode aujourd’hui est motivée par deux raisons :
• une conviction de fond sur l’importance de la pratique synodale pour la vie de l’Église.
• un discernement sur les besoins pastoraux de notre Église aujourd’hui.[...]
La démarche d’un synode honore la triple dimension de notre vie ecclésiale : communautaire, collégiale et personnelle.
• Communautaire : tous sont invités à participer à cette démarche, à offrir leur réflexion, à faire des propositions pour la vie et la mission de notre Église diocésaine. La préparation, la réflexion au plus près du terrain me paraissent une des dimensions fondamentales du travail synodal.
• Collégiale : des délégués, au titre de leur responsabilité (les membres de droit des assemblées synodales prévus par le Code) ou de leur élection, sont invités à faire ce discernement ecclésial, à proposer des orientations et des décisions, à écrire les déclarations et les actes du synode.
• Personnelle : c’est l’évêque qui, au titre de sa responsabilité personnelle, promulgue les décisions synodales et donne force de loi aux actes du synode. Il reçoit ou ne reçoit pas ces textes synodaux, mais il ne peut pas les modifier ou les réécrire de sa propre autorité. [...]
II – LA FORMATION DE DISCIPLES MISSIONNAIRES
Il me semble que ce double questionnement correspond à l’invitation que nous a lancée le pape François dans son exhortation Evangelii Gaudium, en particulier dans les numéros 119-121 : « 120. En vertu du Baptême reçu, chaque membre du Peuple de Dieu est devenu disciple missionnaire (cf. Mt 28, 19). Chaque baptisé, quelle que soit sa fonction dans l’Église et le niveau d’instruction de sa foi, est un sujet actif de l’évangélisation, et il serait inadéquat de penser à un schéma d’évangélisation utilisé pour des acteurs qualifiés, où le reste du peuple fidèle serait seulement destiné à bénéficier de leurs actions. La nouvelle évangélisation doit impliquer que chaque baptisé soit protagoniste d’une façon nouvelle. Cette conviction se transforme en un appel adressé à chaque chrétien, pour que personne ne renonce à son engagement pour l’évangélisation, car s’il a vraiment fait l’expérience de l’amour de Dieu qui le sauve, il n’a pas besoin de beaucoup de temps de préparation pour aller l’annoncer, il ne peut pas attendre d’avoir reçu beaucoup de leçons ou de longues instructions. Tout chrétien est missionnaire dans la mesure où il a rencontré l’amour de Dieu en Jésus Christ ; nous ne disons plus que nous sommes « disciples » et « missionnaires », mais toujours que nous sommes « disciples-missionnaires ». » (n° 120) [...]
III – UN SYNODE OUVERT PAR L’ANNÉE DE LA MISÉRICORDE
Une objection s’est présentée quand la question de la tenue d’un synode s’est posée : pouvait-on tout à la fois préparer un synode diocésain et entrer dans l’année de la Miséricorde voulue par le pape François ? Après réflexion, on a pu se rendre compte que l’objection ne tenait pas, car cette année de la miséricorde nous invite à aller à la source de la miséricorde, l’amour du Père pour nous, à annoncer cette miséricorde du Père, à en témoigner par un service gratuit des hommes et lui donner un visage communautaire. Finalement, cette année de la Miséricorde, loin d’être une proposition concurrentielle à une démarche synodale, peut en être au contraire un merveilleux tremplin. A nous simplement de savoir ressaisir la réflexion pour la transformer en propositions opérationnelles pour notre vie ecclésiale.
IV- DISPOSITIONS PRATIQUES POUR NOTRE MARCHE SYNODALE
Notre marche synodale commencera avec l’ouverture de la porte jubilaire de l’année de la miséricorde le dimanche 13 décembre prochain, à 16h, à la cathédrale Saint-André. Elle se vivra de janvier 2016 à janvier 2018.
Elle comportera trois temps :
un temps au niveau des secteurs pastoraux, des aumôneries, des mouvements (année 2016). L’enjeu est que cette démarche synodale puisse toucher le plus de personnes possible. Nous préparons l’avenir ensemble. Chacun a sa pierre à apporter à l’édification de la vie et de la mission de notre Église. Un questionnaire pourra être élaboré pour faciliter les expressions personnelles et les échanges. Un des enjeux de notre synode est de pouvoir toucher la tranche d’âges des 25-50 ans qui sont moins présents dans un certain nombre de nos assemblées.
Un temps de rencontres, de « visitations », de secteur à secteur ou bien entre réalités d’Église différentes (année 2017). On a tout intérêt à échanger sur nos initiatives et nos expériences. Cet échange est source de dynamisation pour tous.
Un temps d’assemblée synode (décembre 2017-janvier 2018). Il faudra voir si l’on se donne une ou deux sessions.[...]
Puissions-nous être ensemble au service de ce discernement pastoral qu’est un synode, être à l’écoute de ce que l’Esprit dit aux Églises (Ap. 2, 29). »
+ Jean-Pierre cardinal Ricard
Archevêque de Bordeaux - Évêque de Bazas
La Bibliothèque diocésaine propose une vitrine sur le sujet ainsi qu’un ensemble d’ouvrages pour comprendre, préparer, accompagner ce synode.
Et comme le rappelle Frère Pavel dans sa conférence inaugurale : Répondre, c’est partir !



