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Antiphonaires

Histoire des antiphonaires romains

– Après le Concile de Trente…

La situation liturgique des églises latines, à la fin du Moyen-Age, se présente ainsi : sur le fonds des livres grégoriens, chacune d’entre elles a plus ou moins brodé…
Mais ce travail qui se répartit sur toute l’église d’Occident, et à travers six siècles, a été fait sans unité, de telle sorte que non seulement chaque nation ou chaque province, mais encore chaque cathédrale, chaque collégiale, chaque abbaye a son Graduel, son Antiphonaire. Grégoriens dans l’ensemble, ces livres varient pour le détail : les chants communs aux diverses églises s’y retrouvent bien, à la vérité, mais parfois à des places diverses, et parfois considérablement augmentés de textes et de mélodies de toute sorte…
Par un bref en date du 25 octobre 1577, le Pape Clément XIII, successeur de Pie V, charge officiellement Pierluigi da Palestrina, alors maître de chapelle de Saint-Pierre, et son confrère Annibal Zoilo, de préparer une édition des « Antiphonaires, Graduels, Psautiers et autres livres contenant le chant ». Forts de la commission que leur octroie le Souverain Pontife, ils croient excellent de profiter de l’occasion non pas pour réviser les mélodies à réimprimer mais les retoucher, les refaire même.
Ce que le bref de Grégoire XIII entend du texte, lui, Palestrina, l’entend de la musique.
Les effets de cette funeste résolution sont la cause immédiate de toute la décadence du chant liturgique depuis cette époque jusqu’à nos jours : Palestrina – auquel, par ailleurs, l’art sacré doit tant- en est pratiquement le premier responsable en faisant siennes les réclamations des humanistes.

– A partir de 1608…

En 1596, l’Assemblée générale du Clergé de France s’occupe de la réimpression des livres liturgiques conformes aux prescriptions du Concile de Trente. Elle consent un prêt de 3000 livres (écus) à la « Société des Libraires » de Paris pour les aider à imprimer des livres de chant d’église, Graduels et Antiphonaires, conformes aux exemplaires révisés par Rome. Il faut toutefois attendre plusieurs années la réalisation du projet. En mai 1606, un nouveau prêt de 1000 livres (écus) est consenti aux imprimeurs.

À partir seulement de 1608, on voit paraître les publications de la Société des Libraires, à commencer par un Graduel. A partir de cette date, la mélodie est abrégée et adultérée par la manie de la « quantité ». C’est donc le moment où s’introduit officiellement en France, par une vaste mesure, la nouvelle version du chant.
Prix des livres de chant d’après la taxe des libraires associés
Antiphonale magnum en deux volumes : 45 livres (écus)

-Vers 1650…

Le même genre de chant continua d’être imprimé et les livres qui le contenaient furent, vers le milieu du siècle, l’objet d’une correction d’ensemble faite par deux Franciscains les PP. François Berthod et Paschal, dont les éditions, publiées chez Jean de la Caille, à partir de 1650, servirent de types aux libraires qui vinrent ensuite, à Paris même, à Lyon (pour les livres de chant romain seulement), à Grenoble, Toul, Bordeaux, Avignon, Anvers, Strasbourg, Mayence, etc.
C’est sur ces livres que furent publiées, au cours du XIXème siècle, les éditions de chant romain de Digne, Dijon, Paris, Séez, Strasbourg pour ne parler que de la France.

– Fin XVIIème

A la fin du XVIIe siècle, le peu édifiant Fr. de Harlay apporta le trouble dans la liturgie en remaniant une notable quantité des offices. Un nouvel Antiphonaire et un nouveau Graduel paraissent où, toute une partie des chants romains étant supprimée et le reste supplémenté, il fallut pourvoir à ce remplacement et à ces additions…
C’est au type nouveau fourni par les livres parisiens de 1680 à 1736 que se réfèrent la plupart des recueils diocésains publiés depuis cette époque jusqu’au cours du XIXème siècle.

[D’après Amédée Gastoué, Le Graduel et l’Antiphonaire romains Histoire et description, Lyon, 1913]

Voici quelques exemples des Antiphonaires romains du fonds ancien

1624 Antiphonale romanum juxta breviarium pars aestiva

1624 Antiphonale romanum juxta breviarium pars hyemalis

1701 Antiphonarium romanum du Concile de Trente